Ce qui est important dans l’accueil, c’est bien sûr la santé. Nous sommes l’une des deux ou trois structures à Kinshasa qui avons un dispensaire spécialisé uniquement pour les enfants et les jeunes de la rue. Pas pour le quartier. Parce que quand un enfant comme ça ou un jeune comme ça va dans un dispensaire normal, d’abord il est chassé parce qu’il est est trop sale et puis il est chassé parce qu’il n’a pas d’argent pour payer. Donc il ne sera pas soigné. Alors, quand il arrive chez nous, qu’il trouve une gentille et jolie infirmière qui l’accueille en blouse blanche, calmement, qu’il n’y a personne d’autre dans la salle d’attente, dans la salle d’écoute, dans le dispensaire. Il croit que pour la première fois de sa vie qu’il est avec un médecin. Souvent, c’est un moment de confiance, un moment de libération de parole. Il y a une santé des enfants de la rue : quand ils sont dans la rue, il y a le problème de malaria. Évidemment, ils ne dorment pas sous une moustiquaire dans la rue. Ils mangent n’importe quoi, donc verminose, parasitose, etc. Ils ont des conduites parfois un peu violentes avec les gens de l’autre sexe, donc les infections sexuellement transmissibles et tout ça … Et puis les questions de dépendance : drogue, alcool, etc.
C’est la nourriture qui les intéresse !
Comment arrivent-ils dans nos centres ? Ils se le disent entre eux … Eux, ce qui les intéresse, c’est d’abord la nourriture. Quand ils sont au rond-point ou dans la rue, leur souci, c’est de trouver à manger. Et pour trouver à manger, il faut voler ou bien se battre. Le repas, c’est vraiment une bataille. Je me souviens que quand on avait commencé, le repas, tout le monde se battait ! On a dû intervenir et montrer que chez nous, il y a à manger pour tout le monde. Et maintenant ? La réputation du centre, c’est l’endroit où la boule de foufou est la plus grosse. Pour la qualité du repas, c’est la grosseur de la boule du foufou. Le foufou c’est la farine de maïs ou de manioc qui fait un repas.