Les six étapes de la réunification familiale :
On ne peut pas amorcer un processus d’accompagnement psychosocial avec une personne en situation difficile, sans établir une relation de confiance avec elle. La construction d’une relation de confiance est un préalable à toute démarche avec un enfant : il doit sentir qu’il est reconnu comme il est, avec sa personnalité et ses droits, sans aucun jugement extérieur et sans projet prédéterminé à lui imposé.
JP Godding et A Mushiete, Méthodologie de l’Accompagnement des Enfants de la Rue à Kinshasa
Pour bien comprendre les étapes de la réinsertion, cliquez sur la diapositive pour la faire apparaître en plein écran.
L’Accueil et la mise en confiance de l’enfant :
L’enfant est une personne à aimer comme elle est, à respecter dans sa vie et son cheminement. La mise en confiance demande du temps. Généralement, l’enfant a été traumatisé dans sa rencontre avec d’autres adultes et ne croit pas d’emblée à une confiance possible, mais plutôt à une manipulation ou à une imposition de volonté.
L’écoute :
L’écoute vise à connaitre l’histoire de l’enfant et les raisons de sa présence dans la rue. Dans le cadre d’une écoute empathique et confiante, l’enfant va petit à petit donner des éléments de son identité et exprimer ses souhaits pour sa formation et son avenir.
Le plus souvent, plusieurs écoutes seront nécessaires pour que l’enfant dépasse le traumatisme qu’il a vécu et commencer à parler. Il lui faut du temps pour se libérer de son histoire, et surtout accepter de donner l’adresse de membres de sa famille. Il comprend bien que donner l’adresse, c’est accepter d’amorcer un processus de retour dont il a le plus souvent peur en raison de ce qui s’est passé.
Les enquêtes :
Les renseignements et informations collectés conduisent l’éducateur à effectuer une exploration pour rechercher la famille. Il doit obtenir des informations suffisantes pour se faire une image cohérente du système familial, des individus qui le composent, de leur fonctionnement, de leurs difficultés.
Un premier contact familial entraine souvent la nécessité de poursuivre la recherche d’autres membres de la famille tant maternelle que paternelle, avant de pouvoir démarrer une médiation.
La médiation :
L’éducateur ne s’impose pas comme médiateur, mais négocie et propose ses services à la famille.
La médiation est un processus de réparation du lien social et de gestion des conflits de la vie quotidienne. Il s’agit de jeter un pont d’écoute entre un enfant en rupture des liens familiaux et sa famille.
C’est aussi l’étape qui permet de déconstruire toutes les idées négatives que la famille se fait sur l’enfant ou que l’enfant se fait sur lui-même, sa famille ou son environnement socioculturel, et qui les empêchent de vivre en harmonie.
Il faut encore que la famille accepte de récupérer son enfant. Parfois, cela ne pose aucun problème et après l’enquête, on peut passer directement à la réunification. Mais le plus souvent, l’enfant est dans la rue parce qu’il y a un conflit dans la famille et que celui-ci doit être géré. La famille ne comprend pas le comportement de l’enfant, est fâchée de son comportement (départs fréquents et non communiqués, vols réguliers, violences…). Ou bien la famille accuse l’enfant d’être une source de malheur, d’être un sorcier qui veut « manger » d’autres membres de la famille. Dans ces cas, l’éducateur doit gérer le conflit, expliquer à la famille la psychologie de l’enfant et démonter les images négatives que la famille peut garder de l’enfant, lui montrer que l’enfant n’est pas un sorcier…
L’Élaboration du projet de l’enfant et du projet familial :
Avant la réintégration familiale, l’éducateur met au point avec la famille le projet de l’enfant. Ce projet inclura une formation scolaire et/ou professionnelle. C’est à ce moment également que sont envisagés les outils de stabilisation de l’enfant dans sa famille dont nous parlerons plus loin.
A l’issue de ce processus, l’éducateur remet officiellement l’enfant à sa famille. Cette réunification se passe dans la discrétion afin de ne pas humilier celle-ci. Aucune personne extérieure (du quartier ou de l’état) n’est associée au moment de la réunification. L’éducateur signe avec la famille une convention de réunification qui précise l’engagement de la famille à bien suivre leur enfant et l’engagement de NYB à soutenir la famille pendant une durée déterminée.