UN SEJOUR DE 6 MOIS AUPRES DES ENFANTS DE LA RUE: CELA REMUE ET CELA FAIT GRANDIR !

Fraichement mariés, Sybille et Nicolas, ont décidé de prendre une pause d’un an avec la Communauté du Chemin Neuf et ils ont vécu six mois avec les enfants de Nadko Ya biso.

Vouloir changer les choses, le monde c’est avant tout accepter de se déplacer et de se laisser transformer par l’autre« .

En arrivant à Kinshasa, un responsable du centre nous a dit : « Vous repartirez en ayant reçu plus que ce que ce que vous aurez donné ».

Une phrase que nous avons laissée dans un coin de tête une fois sur place, nous étions « venus pour agir, pour faire », … du moins c’est ce que nous pensions. Au fil des semaines et des mois, cette phrase a raisonné tout à fait différemment : chaque rencontre, chaque enfant, chaque membre de la communauté a été l’occasion d’une rencontre unique qui nous a permis de grandir et qui nous a ouvert les yeux du cœur.

Rentrés à Bruxelles et ré installés dans nos vies, cette expérience humaine bouleversante reste ancrée au fond de nos cœurs. C’est petit à petit que nous cueillons les fruits de cette année vécue avec la communauté du chemin neuf.

Quelques émotions, mots, phrases restent gravés et habitent encore nos pensées de retour en Europe : vulnérabilité, fragilité, beauté, douceur, joie, amour, amitié, foi, simplicité, don, présence, temps, être, vivre, ensemble, lien, humilité, … Mais / Et aussi injustice, renoncement, incompréhension, violence, douleur, pleurs, accepter, inégalités, … C’est à travers ces mots, ces émotions, ces phrases, ces passages bibliques que nous allons vous partager ce que nous avons reçu de cette aventure à Kinshasa.

Ces mois intenses ont été un mélange d’émotions vécues intensément auprès de ces enfants de la rue, de la communauté, de ces personnes rencontrées qui nous ont rendus plus que jamais vivants et surtout appris ce que signifie ÊTRE. 

Être ensemble, accepter de ne pas faire tel est notre leitmotiv occidental, s’arrêter pour observer, discuter, rire et pleurer, demeurer, vivre, se faire petit, … 

Ces visages sont inscrits pour longtemps dans nos cœurs, ces rires d’enfants résonnent intensément dans nos pensées, ils sont pour nous l’incarnation même de notre humanité fragile, vivante et belle aussi paradoxale que cela puisse être dit. 

Nous avons grandi grâce à chacune de ces personnes rencontrées, grâce à la communauté qui nous a portés tout au long de cette aventure. Ces rencontres nous ont permis de poser des pierres à l’édifice de nos vies personnelles et de couple.

Vouloir changer les choses, le monde c’est avant tout accepter de se déplacer et se laisser transformer par l’autre “. Cette phrase nous habite depuis la fin du séjour, elle était dans nos notes quelque part dans un carnet avant de partir ; une discussion avec des amis très chers il y a plusieurs années, on trouvait cela beau sur le coup mais on ne comprenait pas, … On commence aujourd’hui à comprendre quelque chose d’essentiel : C’est une ouverture sur la réalité de notre monde commun que nous venons de vivre, qui nous a certes bouleversés, meurtris par moment tant la violence, les différences sont démesurées et injustes mais c’est surtout et avant tout par cette rencontre singulière avec l’autre que nos yeux du cœur se sont ouverts à la beauté et la diversité de ce monde.

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux. Heureux les affligés car ils seront consolés. Heureux les doux car ils possèderont la terre.” Marc, 5, 3-5.

Les Béatitudes, le Royaume des Cieux, ont pris un sens tout particulier durant ces mois vécus à Kinshasa auprès des plus petits, … des plus grands. A travers ces visages, ces enfants du centre Ndako Ya Biso, ces jeunes du centre de formation professionnelle, ces mamans dans les rues sur le marché et tant d’autres, c’est avec le Christ que nous avons cheminé, c’est Lui que nous avons appris à connaître davantage à travers toutes ces personnes rencontrées.

Cette année a pris une tournure très différente de ce que nous envisagions il y a plus d’un an quand ce désir de partir “faire du volontariat” s’ancrait progressivement dans nos cœurs. Avec qui ? Combien de temps ? Où? … Autant d’éléments qu’il était nécessaire à ce moment pour nous de poser, de “ficeler”, de préparer, de maîtriser même pourrions-nous dire. Caractéristiques de nos tempéraments qui souhaitent planifier sans laisser aucune place à l’abandon, au lâcher prise. Cette année nous a aussi appris que ce n’est pas le statut, le nombre de mois, d’années, le temps en fait qui comptent. Mais c’est bien l’intensité et le sens que tu donnes à ces moments vécus, à ces rencontres, à ces discussions qui font le cœur de la relation humaine vraie et joyeuse et qui te font grandir plus que jamais.

Ce n’est pas la fin mais un début

Ces mois de missions avec la communauté s’inscrivent comme un tremplin pour la suite et ont fait germer plus que jamais ce désir d’engagement pour bâtir un monde plus juste et fraternel à l’écoute de tous.

Cette expérience fait partie intégrante de notre construction individuelle, de couple. Aujourd’hui encore, ré installés à Bruxelles nous cueillons les fruits de cette année qui est venue bousculer notre manière de comprendre, de voir, de ressentir, de vivre notre foi.

C’est un cadeau de vie, une conversion des yeux du cœur.

Sybille et Nicolas