LE TROIS MILLIEME ENFANT REUNIFIE PAR NDAKO YA BISO

Le 24 septembre 2022, Ndako Ya Biso a célébré le trois millième enfant réunifié dans sa famille depuis le début du travail et la 1°réunification familiale, le 17 octobre 2004 jusqu’à la trois millième réunification le 13 septembre 2022.

Après l’aménagement de l’espace dans la cour de NYB/G (placement de 4 tentes pour protéger les participants du soleil, disposition des bancs et des chaises, décoration…), la journée a commencé par une messe d’action de grâce : remercier le Seigneur pour la grâce qu’il nous a donnée de pouvoir réconcilier tant d’enfants avec leurs familles mais aussi remercier le père Stéphane, supérieur du Chemin Neuf à Kinshasa depuis neuf ans et qui a fini son mandat et va rentrer en France dans quelques jours. Le père Stéphane, avec le Père Pierre, nouveau responsable de la Communauté au Congo et le père Constantin qui vient d’être ordonné ont ensemble remercié le Seigneur pour toutes les grâces reçues, et remercié les éducateurs pour tout le travail réalisé. Ils ont demandé au Seigneur de bénir tous les enfants et leurs familles, afin que celles-ci puissent vraiment retrouver leur unité et donner une espérance à tous leurs enfants.

Après la messe et l’accueil des invités, la célébration a commencé par des témoignages : D’abord, le témoignage du trois millième enfant réunifié, un garçon et une fille :

Le garçon, Denis, qui a dix ans, est né à l’intérieur du pays d’une rencontre occasionnelle entre sa maman avec un avocat de passage. Mais après le décès de sa maman, son grand-père maternel est venu le récupérer et l’accueillir dans sa famille à Kinshasa. Mais l’enfant, très turbulent, a été considéré comme un sorcier par la grand-mère qui ne voulait pas de lui. La famille l’a alors confié à un oncle pasteur afin qu’il le délivre de sa sorcellerie. Mais cet oncle a préféré se débarrasser de l’enfant en l’abandonnant dans un orphelinat. L’enfant ne se sentant pas bien accueilli dans cet orphelinat est descendu dans la rue, puis conduit par d’autres amis de la rue, est arrivé chez nous. Après l’avoir écouté, nous sommes retournés dans l’orphelinat où il était passé ; ceux-ci nous ont donné l’adresse de l’oncle ; nous avons pu le rencontrer dans son Eglise et celui-ci nous a donné l’adresse du grand-père. Celui-ci nous a accueilli à bras ouvert et a longtemps embrassé l’enfant en pleurant quand il a appris toute son histoire. Une tante, présente, a décidé, en lien avec le grand-père, de prendre en charge l’enfant, et nous l’avons placé dans une école proche en 4°primaire. Et nous continuons à rechercher le papa.

La fille, Chancelvie, vivait avec sa maman après le divorce de ses parents. Mais des personnes de la famille de la maman lui ont dit que Chancelvie était la sorcière qui faisait échouer ses entreprises et qu’il fallait la mettre dehors. La maman les a écoutés et la fille a été chassée dans la rue. Accueillie par une structure d’accueil des filles de la rue, elle s’est mal comportée et a été chassée de cette structure ; c’est ainsi que des amies de la rue lui ont conseillé de venir chez nous. Nous l’avons accueillie et écoutée, puis nous sommes allés à la recherche de son papa qui a bien voulu la recevoir. Nous avons aidé la famille en améliorant leur maison qui était en mauvais état et en prenant en charge la scolarité de Chancelvie qui, cette année, a 16 ans et a commencé la 5°année secondaire en section pédagogie. La fille a été très émue en donnant son témoignage et en revoyant toutes ses souffrances, elle n’a pas pu arriver jusqu’au bout de son histoire.

Après ces deux enfants, deux autres témoignages nous ont aussi beaucoup touchés :

Enoch a aujourd’hui 22 ans et vient de terminer sa troisième année d’études universitaires en sciences de la communication : il nous a témoigné de ce qu’un éducateur de NYB l’avait rencontré un jour sur le marché de Trafic en train de vendre de l’eau, c’était il y a huit ans. Il fait partie d’une famille nombreuse mais sans ressources : ils vivaient dans une petite cabane en tôles et aucun enfant n’allait à l’école parce que les parents n’avaient pas de moyens. C’est ainsi qu’il avait décidé de rester dans la rue pour mieux survivre. L’éducateur de NYB l’a écouté, l’a ramené à la maison, l’a inscrit dans une école et a donné un microcrédit à leur maman pour reprendre une activité économique. C’est ainsi qu’il avait pu terminer son école secondaire et passer son diplôme d’état avec 70%. C’est à ce moment-là que son père est décédé, mais NYB ne l’a pas abandonné puisque nous lui avons trouvé une bourse universitaire, et le jeune, très fier, a pu témoigner, qu’il venait de réussir sa troisième année d’université avec la grande distinction.

Le dernier témoignage donné a été celui des grands parents de Michée : Michée est un jeune qui cumule plusieurs handicaps : drépanocytaire et hémophile avec aussi une jambe plus courte que l’autre. Ses parents ont considéré que ses maladies permanentes étaient signes de la sorcellerie que son grand-père lui aurait transmise et l’ont mis dehors. Le jugeant inutile, ils ne l’avaient même pas scolarisé. Référé par le service social de Bumbu à notre centre, Michée s’est révélé un garçon très intelligent : à 12 ans, il n’avait jamais étudié, mais après une rapide alphabétisation dans notre centre, nous l’avons directement placé en 5°primaire où il a réussi le premier trimestre avec 70%. Puis, nous sommes partis à la recherche des grands-parents que nous avons pu retrouver : Après les accusations de sorcellerie, ils n’avaient plus voulu voir l’enfant, mais nous avons pu les réconcilier et aujourd’hui Michée qui a retrouvé sa confiance en lui-même, est très content de vivre chez eux tout en poursuivant son école en 1°année secondaire, toujours pris en charge par notre centre.

Après ces quatre témoignages, les garçons du centre nous ont présenté une scénette où un enfant qui ne se comporte pas bien est considéré comme un sorcier par son oncle qui le conduit chez un pasteur ; après que le pasteur confirme la sorcellerie de l’enfant, l’oncle le chasse dehors mais l’enfant rencontre un éducateur de NYB qui le réconcilie avec sa famille et le place à l’école. Les enfants étaient très heureux de jouer cette scène, surtout en mimant les accusations du pasteur.Ce sont ensuite les filles du centre qui ont exécuté des pas de danse très joyeux sur des chansons très rythmées.

Puis le Directeur du centre, le frère Jean-Pierre Godding, a pris la parole pour remercier le Seigneur, tous les éducateurs de NYB, tous les enfants et les familles qui nous ont fait confiance, ainsi que tous les partenaires, dont les responsables de la police qui étaient présents, qui nous ont permis d’arriver à ces beaux résultats. Il a rappelé à toutes les personnes présentes que la réconciliation et la réunification familiale constituent l’objectif de NYB mais sont tout un processus comptant de nombreuses étapes : accueil et écoute de l’enfant, guérison du traumatisme, enquête et médiation. Et puis, après la réunification, toutes les démarches de scolarisation de l’enfant, de suivi familial d’appui à l’activité génératrice de revenu de la maman…

M. Rémi Mafu, coordonnateur du Reejer, qui assure la coordination de toutes les structures des enfants de la rue à Kinshasa, a également vivement encouragé notre travail.

Enfin, c’était la musique et le repas de fête ; très vite, les tables du repas ont été dressées, puis ce sont d’abord les invités puis tous les éducateurs et les enfants qui ont pu se servir, manger, boire                                                                                                                                                         et danser pour se réjouir de tout ce qui avait pu être réalisé, sans oublier de fêter les anniversaires de quatre éducateurs (dont le directeur du projet)  qui le célébraient au cours du mois de septembre.

Le rapporteur

Caleb Diaki