Les 20 enfants qui ont le plus interpellé les éducateurs de Ndako ya Biso, au cours de l’année 2022

1) Kapinga est une fille âgée de 6 ans, orpheline de mère. Nous l’avons accueillie au centre grâce à un de nos éducateurs. Elle vivait au village et après le décès de sa mère, son père se décida de venir à Kinshasa pour essayer de gagner sa vie.

Installés à Kinshasa, son père un jour est parti faire des achats, et Kapinga l’a suivi. Il lui a demandé de rentrer à la maison. Mais le chef du quartier de Rond-point Ngaba appela un des éducateurs de NYB pour récupérer la fille.

Arrivée au centre, après l’écoute de toute son histoire, nous avons entamé les enquêtes sur terrain pour trouver la famille. Vu que la fille ne connaissait pas son adresse, mais nous n’avons rien trouvé. Nous avons alors présenté KAPINGA à la télévision. Nous avons reçu un coup de téléphone et son père est venu tout heureux retrouver sa fille  alors qu’il la croyait décédée.

Pour le moment, la fille est réunifiée dans sa famille, elle a commencé ses études en 1°année primaire. L’éducateur continue à faire le suivi de la fille.

La disparition de l’enfant avait créé des problèmes entre les familles maternelles et paternelles. La famille maternelle traitait le papa de Kapinga de sorcier parce qu’il aurait appelé KAPINGA à Kinshasa pour la « manger », comme il l’avait fait avec sa mère.

Séraphine Eyenga Nyatondo, éducatric

 2)Huberto D., communément appelé Josué D., est l’ainé des enfants de sa mère. Né à Kinshasa en 2006 dans une fratrie de deux enfants dont un garçon et une fille. Les parents ont divorcé suite à des conflits persistants. Après le divorce, Huberto est parti avec son père, et sa sœur avec sa mère. Il a connu des problèmes avec ses tantes qui l’accusaient d’être le sorcier qui avait « mangé » sa grand-mère. Ils prirent la décision de le laisser dans la famille de sa mère qui a refusé de l’accueillir, la maman étant partie en Europe. Ne voyant où aller, Huberto a commencé à passer la nuit dans la rue jusqu’à ce qu’il rencontre le centre qu’il a commencé à fréquenter.

Nous l’avons suivi au centre pendant une longue période du fait que les deux familles ne s’ouvraient pas pour l’accueillir. Une de ses tantes maternelles nous a mis en contact avec son père qui se trouve actuellement au Congo Brazzaville et lui à son tour nous a mis en contact avec la mère biologique de l’enfant qui se trouve en Europe. Sa mère s’est entendue avec un de ses frères afin que l’enfant soit accueilli chez son grand-père maternel. C’est ainsi que nous sommes rentrés en contact avec son grand père. Nous avons réunifié l’enfant en assurant la famille qu’il n’y avait pas de sorcellerie dans sa vie.

L’enfant a passé toute une année dans la famille de son grand père mais, malgré sa promesse, la maman n’a rien envoyé à sa famille pour l’aider à accueillir son enfant. Cela a créé un conflit familial, malgré notre apport pour la scolarité et le micro-crédit donné. C’est comme ça que les accusations de sorcellerie  ont refait surface et l’enfant est redescendu dans la rue. La famille nous a fait part de la situation, et nous sommes descendus pour aller chercher l’enfant dans la rue vers Matete. Une médiation a été entamée pour son retour, l’enfant a été à nouveau accepté en famille. Mais après deux semaines, l’enfant a encore rechuté et, cette fois-là, c’était de trop pour la famille. Quand sa mère a appri la nouvelle, elle s’est adressée violemment à son oncle jusqu’à cracher sur lui. Les relations sont devenues tendues, très froides. Quand nous avons revu l’enfant et échangé avec lui, il n’était pas d’avis de rentrer dans la famille où il était. En raison de son conflit avec sa maman, l’oncle non plus ne voulait plus voir l’enfant. 

Comme l’enfant étudie, nous avons cherché une solution alternative en le plaçant dans un centre d’hébergement afin de lui permettre de poursuivre ses études. Nous sommes toujours en contact avec sa mère pour trouver une solution durable pour la stabilité l’enfant. Le jeune qui a 16 ans évolue bien et poursuit ses études en classe de 3°année secondaire.

 Antoine KAWASA, psychologue

3) M. B. Christian est un garçon âgé de dix ans. Il est né d’une famille de cinq enfants, deux filles et trois garçons. Il est le deuxième de sa famille. Son père est décédé en 2020 à cause de la malaria mal soignée, pour faute des moyens financiers. Auparavant l’enfant vivait au niveau du Bandundu avec sa famille. La famille a pris l’initiative de venir vivre dans la ville de Kinshasa depuis 2017.

La maman de l’enfant pratiquait l’agriculture, plantant des feuilles de patate douce, des légumes comme les amarantes et des oseilles afin les cueillir pour les vendre. La maman louait la maison à 10$ par mois.

L’ enfant a étudié à l’école Complexe Scolaire Maman NGINDU jusqu’à sa troisième primaire,  terminant l’année scolaire avec  peu des moyens financiers. Puis il n’a plus été scolarisé par manque des moyens et il a commencé à vendre de l’eau au marché local pour trouver de quoi survivre.

Le responsable du marché a fait sa connaissance et nous a appelés pour nous le confier. J’ai parlé avec l’enfant qui m’a raconté son histoire et a bien voulu me conduire chez sa maman. Celle-ci vit dans une grande misère et a en plus un problème de santé. Elle ne peut pas soulever des choses lourdes sur sa tête car cela lui apporte des maux de tête terribles.                                                                     

J’ai pu ramener l’enfant chez sa maman. La mère l’a serré dans ses bras avec joie. L’enfant a été inscrit dans  une école proche de la maison pour s’intégrer. L’enfant est en quatrième primaire et vient de présenter les examens du premier trimestre et nous allons avoir des résultats d’ici là.

Nous allons donner à la maman un microcrédit de 50$ pour relancer son petit commerce de vente des condiments sur le marché local.

Laura Love, éducatrice

4) Ephraïm a 14 ans et a fait deux ans dans la rue. Il est dans notre dispensaire pour les soins de santé et nous avons observé chez le jeune un problème de malpropreté : gale généralisée, teigne, mycose… Après avoir fini les soins de cette journée-là, je lui ai conseillé de se laver chaque jour aux moins deux fois avec du savon, mais aussi de prendre soin de ses habits. C’est pendant ses conseils qu’il a commencé à me raconter sa souffrance: « A quoi bon me laver ? Dans la rue on est sale, d’ailleurs on ne veut plus de moi dans ma famille ». Je lui ai dit de s’apaiser et de me parler d’avantage:  « Madame, nous sommes allés en famille avec des éducateurs chez mon papa biologique. Je leurs ai montré la maison de loin. Dès qu’ils ont parlé de mon nom, le papa a dit: « Pas de cet enfant ici, qu’il parte là où  il veut mais pas chez moi ». « Pourquoi donc me laver alors que personne ne m’aime, je suis sans famille, sans avenir, donc inutile ». Il se mit à pleurer. Je lui ai dit que je comprenais tout à fait sa souffrance. Peut être que je réagirais de la même façon. « Mais toi, tu as de la chance puisqu’il y a des éducateurs et moi-même avec toi. Qu’ensemble nous trouverons un chemin. Que tu gardes espoir. Même si tout le  monde te rejette, Dieu qui t’a créé ne va pas t’abandonner. Aie toujours espoir qu’un jour tu trouveras quelqu’un pour t’accueillir ». Après ce moment d’écoute empathique, il a repris son sourire. Même sa façon de s’habiller s’est améliorée, ses lésions cutanées ont bien évolué. Il fait des efforts pour être présentable pour ses soins afin d’avoir des compliments… A présent le garçon est encore au centre, les éducateurs continuent la médiation. Selon les informations reçues d’eux : ses parents ont divorcé et chacun s’est remarié. Il habitait chez la grand-mère paternelle. Malheureusement celle-ci  est décédée, le garçon a été accusé de l’avoir « mangée » et s’est vu chassé de la maison. D’où la raison de sa descente dans la rue. Provisoirement, nous l’avons placé dans un autre centre fermé afin qu’il puisse reprendre ses études à l’école.

Emilie Linono, infirmière

5) Amos F est le 4°enfant d’une famille de 8. Il a 16 ans. L’enfant est drépanocytaire, ce qui veut dire qu’il est du groupe sanguin SS non résistant aux maladies et qu’il tombe souvent malade. Suite à ses maladies à répétition, et sans en connaitre l ‘origine, les membres de sa famille l’ont accusé d’être sorcier. Ses parents se sont séparés et le nouveau mari de sa mère, le considérant comme sorcier, n’a plus voulu le voir dans sa maison et l’a chassé dans la rue. Nous l’avons trouvé dans la rue et l’avons accueilli dans notre centre. L’enfant était très maigre et en mauvaise santé mais petit à petit il a retrouvé force, courage et sourire. Il est depuis plus d‘une année dans notre centre et nous n’avons toujours pas trouvé de solution pour lui. Sa maman veut bien le prendre mais ne veut pas se séparer de son mari actuel qui ne veut pas le voir. Il a peur de lui, malgré notre visite en famille avec un médecin qui leur a expliqué la situation réelle de l’enfant et malgré le fait que nous avons proposé de prier pour toute la famille pour écarter tout danger de sorcellerie. Nous espérons encore trouver quelqu’un de la famille plus éloignée.

Marie-Noëlle Potopoto, infirmière

6)  Eric a 23 ans. Il est l’un des grands jeunes qui nous a marqués durant l’année 2022. A 10 ans, il ne pouvait plus aller à l’école parce que le papa n’avait plus de moyen pour le scolariser. En 2019, il rejoint un groupe de jeunes kulunaqui qui terrorisaient la population locale. Après la mort du leader du groupe, il a été baptisé du nom de « maréchal » du groupe car c’est lui qui avait plus de force et un esprit fort  pour prendre le risque devant n’importe quelle situation. Après cette prise de pouvoir, il devint plus influent dans le quartier. Tout le monde avait peur de lui, même ses parents ainsi que les membres de sa famille. Pour manger, pour acheter des habits ou pour subvenir à ses besoins il volait et prenait de force l’argent des mains des habitants. Il vit avec une jeune femme du quartier et ils ont une fille.

En 2021, lors des sensibilisations des grands jeunes, nous l’avons rencontré. Il est venu pour nous exposer sa situation. Nous avons constaté qu’Éric vivait un sentiment de culpabilité et de honte. Il avait besoin de se séparer de ses camarades de la rue.                                                                                                                             

Notre accompagnement était basé sur le soutien et l’accompagnement psychologique, le travail sur la culpabilité de son passé, l’encouragement pour l’abandon de ses pratiques violentes, la prise de conscience, l’estime de soi. Cela lui a permis d’accepter son passé et de se fixer un objectif pour sa vie future : être un parent responsable. Il a commencé l’alphabétisation comme d’autres grands jeunes puis a été placé dans un atelier de peinture. Il a terminé sa formation en 2022 et a reçu un kit d’insertion comprenant un outillage de fabrication de la peinture. Actuellement, avec sa femme, ils vivent ensemble. Il travaille à son compte et est sollicité par d’autres maitres qui ont des marchés de peinture de bâtiments.     

Maintenant il est en bon terme avec le centre NYB et sa famille est appréciée dans son ancien quartier. Il a abandonné ses mauvais comportements et est très attentif à écouter tous les conseils qu’on lui prodigue pour le progrès de sa vie. Il est devenu un modèle pour d’autres jeunes du quartier qui ont suivi ses traces. Face à un problème ou une situation qui  le dérange, il n’hésite pas à nous appeler ou  à venir nous voir pour savoir comment on peut l’aider.

Shadrack Mulumba, psychologue

7) Vicky M. est le 2eme d’une famille de 4 enfants. Ses parents se sont séparés quand il avait quatre ans. Son père a décidé de prendre Vicky et sa grande sœur puis les a amené chez la grand-mère paternelle. La maman de Vicky a supplié le papa de la laisser partir avec ses enfants mais celui-ci n’a pas voulu. Une fois chez la grand-mère, les enfants étaient abandonnés à eux-mêmes et ils se mettaient à pleurer pour partir chez leur maman alors que le papa ne les autorisait pas.

Vicky et sa grande sœur ont grandi. Le papa s’est remarié à une autre femme et le papa est devenu pasteur d’une église de réveil à Kinshasa, puis il est allé s’installer à Matadi. Pendant ce temps, il a laissé ses enfants chez la grand- mère qui devenait fatiguée par la vieillesse. La maman continuait à venir rendre visite discrètement à ses enfants. C’est à ce moment qu’elle a pris la grande sœur de Vicky discrètement sans informer la famille du papa.

Quand la grand-mère est tombée malade et est décédée, la famille a accusé Vicky d’être le sorcier qui aurait « mangé » sa grand-mère. La famille l’a chassé. Comme il avait 15 ans, il a commencé à vivre dans la rue, sur le marché local.

Pendant ce temps, quand la maman demandait des nouvelles de Vicky à la famille de son père, on lui disait qu’il allait bien, mais la maman ne le voyait pas. Au marché de Matadi Kibala, il faisait des petits travaux, portait les colis dans les dépôts et on lui donnait quelque chose pour se nourrir. Il avait la sympathie des mamans du marché. Un jour alors que nous faisions nos visites sur ce marché, le chef du quartier nous a parlé de son cas.

Nous avons écouté le jeune, puis nous sommes allés dans sa famille, mais ils ont refusé de l’accueillir disant que c’est un sorcier. Aucune trace de la maman. Nous avons alors décidé dans un premier temps de l’héberger dans notre centre. Après nous l’avons placé provisoirement dans une famille d’accueil.

Après 4 ans dans cette famille, nous avons repris les recherches de sa maman.  Après plusieurs mois, nous avons trouvé un monsieur qui avait le numéro de téléphone de sa grande sœur. Dès que nous l’avons contacté, elle était émerveillée de savoir que son frère qu’ils ont tant cherché avec sa maman pendant plus de cinq ans était encore vivant. Nous avons appelé Vicky qui a parlé au téléphone avec sa sœur. Après sa conversation avec sa sœur, il était rayonnant et souriant en annonçant à tous les éducateurs du centre que sa famille était retrouvée. 

Le samedi, sa sœur est arrivée avec deux frères et une petite sœur. Vicky M. était à l’entrée, à les attendre, tous l’ont embrassé longuement puis ont commencé à pleurer. Pendant plus de 10 minutes ils pleuraient, nous les avons conduits dans une salle où nous avons discuté avec eux. Vicky a décidé alors de repartir tout de suite avec eux chez sa maman. Comme le repas au centre était prêt, nous avons partagé le repas ensemble avec eux. Prenant la parole dans une grande émotion, Vicky nous a remerciés pour tout ce que nous avons fait pour lui. Particulièrement, il m’a dit : « Jean Didier, merci beaucoup pour tout ce que tu as fait pour moi, que Dieu te bénisse abondamment », en pleurant puis il m’a pris dans ses mains très très fort.

 Nous lui avons donné un sac avec quelques habits avec la promesse de descendre en famille le lundi pour discuter avec sa maman. Le lundi je suis parti en famille où la maman, très émue, nous a remerciés vivement pour notre soutien à son fils. Vicky a 22 ans pour le moment, selon sa maman. Nous allons rapidement voir comment l’aider à continuer sa formation.

Jean Didier Kpanya, éducateur

8) M. Winner est un enfant de 5 ans. La maman l’a abandonné à l’âge de six mois chez sa grand-mère paternelle. Après le décès de la grand-mère, le papa a récupéré son fils. Mais l’enfant a commencé à faire des crises. Il ne parle pas, il fait ses besoins dans ses habits, il mange les déchets dans la poubelle, il va se promener dans la rue… Aussi la famille a commencé à accuser l’enfant de sorcellerie et à se désintéresser de lui. L’enfant a commencé à se promener dans le quartier et à s’égarer. La police nous a confié l’enfant et le chef du quartier nous a orienté pour retrouver le papa. Nous avons pris le temps de discuter avec le papa Celui-ci voulait bien reprendre son fils, mais la famille ne voulait pas voir l ‘enfant.

Nous sommes allés voir un médecin psychiatre qui nous a confirmé que l’enfant a un problème au cerveau, lié aux conditions de son accouchement et qu’il a besoin d’un suivi rapproché.

Le papa garde la charge de son fils ; il est peintre en bâtiment et se débrouille. Il veille au suivi du traitement médical de son fils, malgré les critiques de la famille, mais il cherche un autre logement (avec notre appui) et une épouse qui pourrait l’aider.

Rachel Kilolo, éducatrice

9) Sylva M. est un garçon de 15 ans. Il vit avec sa maman, dans sa famille maternelle.  Comme il n’a pas d’occupation, toute la famille le considère comme un sorcier à l’origine de tous les problèmes vécus par la famille : les maladies, les souffrances, l’absence de travail… Au point que la nuit, s’il y a un bruit, le passage d’une souris, la maman réveille son fils et lui demande d’arrêter sa sorcellerie. C’est ainsi que l’enfant s’est retrouvé chassé dans la rue, en se débrouillant dans la vente de certaines plantes médicinales. Nous avons accueilli l’enfant dans notre centre, il nous a donné l’adresse de la famille et nous sommes allés rencontrer plusieurs fois sa maman. Finalement, celle-ci a accepté de quitter la maison familiale pour pouvoir garder son fils. Nous avons offert une garantie locative à la maman pour l’aider à trouver un logement personnel. Elle habite un studio avec son fils et ses deux filles. Nous lui avons aussi octroyé de Micro Crédit de 50$ pour son petit commerce. Quant à Sylva, il a pu être placé dans un atelier de peinture pour automobiles afin de se former. 

Caleb Diaki, éducateur

10. Gemima K. est une fille de 13 ans, née à Brazzaville. Sa maman l’a abandonnée à l’âge de trois mois. Quand elle a eu six mois, le papa l’a laissée chez sa sœur à Matadi. La tante ne voulait pas que l’enfant sache qu’elle n’était pas sa mère et se faisait appeler maman. Mais quand l’enfant a eu dix ans, des personnes ont commencé à lui dire que sa maman n’était pas sa vraie maman, ce qui l’a fortement troublée. Finalement, son père est arrivé et a informé l’enfant de sa situation réelle. Comme cette situation conduisait l’enfant à faire des désordres dans la famille, la tante a rendu l’enfant à son père remarié avec une autre femme. Mais rendue chez son père, à Kinshasa, la fille a constaté que le niveau de vie était beaucoup plus bas que celui de la tante. En plus elle n’avait aucune affection pour ce papa qui l’avait abandonné et pour sa nouvelle femme. Aussi, la fille a volé l’argent du papa pour prendre le bus et retourner à Matadi. Mais la tante ne l’a plus reçue et l’a renvoyée chez son père. Quant à la nouvelle femme du papa, elle n’appréciait pas l’enfant et sa conduite bizarre et elle est partie consulter un prophète d’une Eglise de Réveil. On lui a dit que l’enfant est une sorcière et que ses cheveux sont des antennes de communication. Le prophète a accepté de prier pour la délivrance de la fille moyennant un payement de 100$, mais la fille n’a pas supporté les mauvais traitements de ce pasteur. Elle a refusé l’école et a commencé à travailler avec une maman qui a son petit restaurant sur le marché. La maman du restaurant a dit à la fille qu’elle avait appris que son père voulait la vendre, et la fille a fui dans la rue sans savoir où aller. Elle a pu rencontrer une maman qui l’a orientée dans notre centre. Au départ, elle avait peur et ne voulait rien dire. Grâce au travail de notre psychologue, la confiance a pu s’installer et l’enfant nous a donné les adresses de la famille.

C’est ainsi que la maman du petit restaurant est venue visiter la fille puis le papa nous a expliqué toute l’histoire. Nous avons pris le temps de travailler avec l’enfant qui avait soif de connaitre sa vraie maman et comprenait les bêtises qu’elle avait faites.

Travail avec le papa en vue de préparer le retour de la fille, mais son épouse ne voulait pas la voir. Nous sommes alors partis avec la fille à Matadi chez la tante qui a très bien reçu la fille, mais la famille de la tante ne voulait plus voir la fille.

Nous avons alors repris le travail avec le papa qui entretemps s’était séparé de sa femme. Aujourd’hui la fille a pu être réunifiée chez son papa et placée à l’école en classe de 7 ème  année. Nous avons offert une garantie locative au papa afin de l’aider à trouver un bon logement pour les héberger et nous continuons le suivi régulier de la petite famille.

Virginie Nyalibondi, éducatrice

11) Julia I. a 12 ans. Une éducatrice l’a trouvée dans la rue, autour du rond-point Ngaba, en train de mendier. Elle a  bien voulu nous donner l’adresse de sa famille et nous a dit qu’elle étudiait en 3°primaire. Mais quand nous avons voulu partir en famille avec elle, elle a refusé de rentrer à la maison. La pauvreté dans la famille est très grande, la maman est seule avec ses deux enfants et n’a pas de moyens de survivre. La fille a préféré suivre ses amies dans la rue pour pouvoir se débrouiller et trouver quelque chose à manger. Nous avons accueilli la fille dans notre centre pour que notre psychologue puisse travailler avec elle et qu’elle retrouve une paix intérieure et puisse se réconcilier avec sa famille. La maman n’a pas de problème avec sa famille, mais ce sont les moyens de survie qui manquent. Aussi, nous allons d’abord donner un petit crédit à la maman qui nous dit avoir déjà pratiqué un petit commerce. Et quand la maman aura pu reconstruire un petit capital, nous lui ramènerons sa fille tout en prenant en charge sa scolarité.

Thérèse Lusamba

12. Gemina K est une fille de 12 ans qui vit avec sa maman Tumba et son grand frère. Maman T. survit difficilement par la vente des haricots pour assurer la survie de sa petite famille. Comme sa fille est très turbulente, la maman a l’habitude de crier et de taper sa fille. Elle fuit alors dans le quartier ou dans une Eglise proche. La fille est irrégulière à l’école malgré les punitions données par sa maman. Un soir vers 19h, alors qu’il y avait eu un conflit dans la parcelle entre la maman et ses voisins et que ceux-ci étaient fâchés contre la fille, celle-ci a fui comme dans ses habitudes. La grille d’une maison voisine en construction était ouverte et le gardien a fait entrer la fille puis a fermé la grille. Ensuite il a saisi la fille, l’a violée et a abusé d’elle toute la nuit puis il l’a jetée hors de la parcelle en la menaçant au cas où elle le dénoncerait. C’est le matin que la maman a retrouvé sa fille couchée dans la rue et qui ne savait plus se relever ni marcher en raison de sa souffrance.

La fille a expliqué toute l‘histoire à sa maman qui est tout de suite partie se plaindre à la police qui a arrêté le monsieur.

La fille a été conduite par la maman dans un centre qui nous a appelés pour accueillir la fille afin de l’héberger et de la suivre pendant un temps. C’est ainsi que nous avons pris du temps avec elle pour l’accompagner, la réconcilier avec sa maman, et lui montrer un nouveau chemin de vie. Nous avons aidé la maman en lui donnant une garantie locative pour trouver un autre logement dans un autre quartier et un microcrédit pour relancer son petit commerce des haricots. Et nous avons inscrit Gemima dans une école proche, en classe de 5°primaire. Nous continuons à suivre très régulièrement l’enfant qui est devenue plus calme et stable à la maison et plus motivée pour son école.

Brigitte Bukaka, éducatrice

13) N. Claude est un garçon de 11 ans, cadet d’une famille de quatre enfants. Les parents vivent ensemble sur une parcelle familiale de la famille maternelle. Mais la famille vit dans des conditions très difficiles : le papa est lépreux et la maman presqu’aveugle. La famille vit dans une grande misère dans un quartier périphérique de Kinshasa.

Les deux parents sont dans l’impossibilité d’exercer une activité lucrative et ce sont leurs enfants qui vont exercer des petites activités dans la rue afin de nourrir la famille. C’est ainsi que Claude ne va pas à l’école mais cire les chaussures sur le marché local afin de trouver un peu d’argent pour la famille. Et souvent il ne rentre même pas à la maison mais reste dormir au marché local. Nous avons rencontré l’enfant sur le marché où il travaille et nous l’avons écouté. Il a bien voulu  nous donner l’adresse de la famille et nous sommes partis visiter la famille.

C’est toute une famille qui vit sur cette parcelle dans une grande misère : les grands parents, les parents et leurs enfants dont aucun ne va à l’école. Nous avons décidé de prendre en charge la scolarité de deux enfants, Claude et son frère Jordan ; Claude a été inscrit en 4°année primaire, et son frère en 3°. Nous leur avons fourni l’uniforme et le kit scolaire et leur avons fait donner des cours de rattrapage afin de les remettre à niveau. Le papa a été traité dans un centre spécialisé afin de l’aider à retrouver sa santé.

Nous devons encore trouver dans la famille la personne de confiance à qui nous pouvons octroyer un microcrédit pour la subsistance de la famille.

Pascal Kanyki, éducateur

14. Chance est une fille de 16 ans qui vivait avec son père, et six autres enfants de plusieurs femmes. Mais le papa ne travaille plus en raison de son âge et de son état de santé et la misère est grande dans la famille. C’est pourquoi la femme du papa, découragée par cette situation, est partie avec sa fille en vue de louer sa propre maison comme elle avait une fille en Angola qui lui envoyait régulièrement de l’argent.

Mais les choses ne se sont pas passées comme la femme l’espérait. Elle a  commencé à accuser Chance d’être la sorcière à la base du blocage de ses projets, comme le lui avait révélé un pasteur d’une Eglise de Réveil. Dès lors, maman Sophie a commencé à maltraiter sa fille et à la persécuter si bien qu’elle a fui la maison pour aller dans la rue. Elle a pu trouver un centre qui l’a accueillie et hébergée, mais le centre n’a fait aucune démarche de réunification familiale, la fille s’est découragée de cette situation et est repartie dans la rue où une amie l’a orientée vers notre centre.

Nous l’avons accueillie et écoutée, et notre psychologue a pris du temps avec elle pour l’aider à retrouver confiance en elle-même. La fille nous a donné l’adresse de son père qui a commencé par refuser de la recevoir à cause de que qu’elle avait fait en l’abandonnant dans sa maison. Poursuite de l’écoute et reconstruction du lien avec le papa et sa femme qui ont fini par accepter de collaborer avec nous. Nous avons alors aidé le papa à achever sa maison qui restait depuis longtemps en chantier . La fille est revenue chez son père et est en quatrième année secondaire où elle a réussi son année, première de sa classe avec 63%.  

Eloge Mbuka , éducatrice

15) Espoir Mfumu Nkama :

Nous accueillons depuis plusieurs années des grands jeunes : de 18 à 30 ans. La majorité vivent dans la rue et parfois avec leur famille : femme et enfants… Les logements sont disponibles mais la garantie locative de plusieurs mois n’est pas facilement accessible aux jeunes. Ce jour-là, le chargé de discipline m’annonce l’arrivée d’un jeune en situation de handicap moteur. Le jeune voulait rencontrer un responsable pour demander de l’aide. Le chargé de discipline lui dit de passer à la paroisse pour voir le service de Caritas. Le jeune dit qu’il n’est pas indigent mais en situation difficile. Il ne va pas quitter, s’il n’a pas rencontré le responsable.

Je suis monsieur Espoir Mfumu Nkama dit il ! Son nom veut dire : Mfumu : chef et Nkama: argent. Joie de t’accueillir dans notre modeste bureau. Je peux t’aider à t’asseoir? Non je sais me débrouiller moi-même… D’un geste, il saute et s’assied sur le tabouret. En effet Espoir est un jeune d’une vingtaine année hémiplégique depuis le bas âge, se déplaçant à quatre pattes. Que pouvons-nous faire pour t’aider ? « Je suis Espoir et je n’ai jamais perdu espoir… « 

Voilà quelques mois que j’ai quitté mon village : Lukala, pour venir me débrouiller ici à Kin. J’avais trouvé un logement en tôles. J’ai payé la garantie de 5 mois. Pendant ces 5 mois je ne payais plus. A la fin du 5ème mois j’ai appelé mon bailleur pour lui payer mon loyer mensuel. A ma grande surprise, il m’a dit de quitter la maison si je ne lui redonnait pas 5 mois de garantie. Je pensais que je ne devais plus payer la garantie mais seulement le loyer mensuel (comme ça se fait ailleurs)… Il me donne l’ultimatum de trois jours. « Regardez comment je suis, sans famille ni ami. Une nuit dans la rue de Kin et je suis mort et dépouillé, ils ne vont pas voir mon handicap. »

Nous pouvons t’aider à rentrer au village rejoindre les tiens. « Jamais ! Ici je gagne ma vie. Je vends à même le sol des petits articles et j’ai le nécessaire pour survivre. Au village, on me traite comme un vaurien, malgré mon diplôme d’État. Mes parents m’envoient mendier alors que je suis intelligent, je suis peu mobile mais capable de me débrouiller. Ils ont déjà essayé de me déposer dans un orphelinat. Je vous promets que je ne reviendrai plus ici pour mendier ; aidez-moi ». 

Il donna le contact de son bailleur, et, avec un éducateur ils vont visiter la maison. On demande une dérogation de quelques jours et on paie la garantie.

Le jeune est très heureux et fier de ce qu’il fait : son petit commerce. On le rencontre de temps en temps au rond-point vendre ses articles devant l’hôtel Mayalos.

Un jour, alors qu’il faisait très chaud, le jeune me dit : « Frère, prend quelque chose dans ce que je vends ». Je lui dit : « Non, je dois plutôt acheter ». « Quoi toi aussi, tu me considère incapable de générosité puisqu’en situation de handicap ? » J’étais bouleversé de ces mots et plein d’admiration pour ce jeune. Je lui dis : « Un papier mouchoir ». Tout en rigolant, il me donne un paquet que j’ouvre en sa présence et je m’essuyai. Il dit « je savais que c’était ça ». Il poursuit en disant : « Je prie chaque jour pour vous et pour votre mission, merci. ».  » C’est un bonheur et un honneur de te voir aussi courageux et généreux, Merci. » 

Le jeune a intégré le groupe d’autres personnes en situation de handicap de la paroisse sainte Christine pour des échanges. Il aura très bientôt un vélo qui lui permettra de se déplacer plus rapidement et de façon plus hygiénique.

 Martin Ekokanya, éducateur chargé des grands jeunes

16)Ruth M. est âgée de 22 ans, et habite à Kindele dans la parcelle familiale.
Elle a connu des moments difficiles dans sa vie, sa mère a été prostituée et a eu six enfants avec plusieurs maris. Ruth et sa sœur n’ont jamais connu leur père. Elle a été sur le banc de l’école jusqu’en deuxième primaire seulement. Vu la misère insupportable, elle jugea bon de rejoindre ses amies vivant de la prostitution pour sa survie. Elle a fréquenté le centre IREBU à Matonge.
Elle a rencontré un jeune avec lequel elle a eu deux enfants, mais cet homme n’était pas en mesure de les prendre en charge parce qu’il était déjà marié à une autre femme. Et elle a été obligée de reprendre la prostitution pour sauver sa petite famille.
Elle a rencontré les éducateurs de Ndako Ya Biso qui lui ont donné de l’empathie et qui l’ont écoutée. Cela a permis aux éducateurs d’établir avec elle un projet d’ensemble. D’abord avec un suivi psychologique, parce que la situation du père de ses enfants l’avait rendue malade – comment un père peut-il abandonner ses enfants sous prétexte qu’il est marié ? -. Faire la médiation avec le père de ses enfants si possible et lui offrir une formation en coupe et couture dans l’objectif de la rendre autonome.

Le responsable du centre a essayé de rencontrer le mari de Ruth mais cette démarche n’a pas donné de résultat. Cependant Ndako Ya Biso a appuyé Ruth pour réparer leur maison pour qu’elle puisse avoir un abri avec ses enfants et aussi un appui alimentaire. Quelques mois plus tard, sa sœur aînée décéda et laissa deux enfants une fille de 12ans et un garçon de 6 mois, mal-nourris qui sont maintenant à la charge de Ruth. Nndako Ya Biso a aussi donné un appui de Soya pour le bébé de 6 mois. Malgré sa situation  difficile, elle est restée déterminée à suivre sa formation jusqu’à la fin.  

Elle  a fini avec succès et elle est retenue dans le même atelier en vue de perfectionner encore avant qu’elle puisse s’installer elle-même. Nous lui avons déjà donné sa machine à coudre et elle commence à trouver ses propres clients ce qui lui donne de la joie et de la confiance.
Bibiane Kabena, éducatrice chargée des grands jeunes

Les quatre derniers témoignages sont ceux de mamans des enfants de la rue qui ont pu recevoir de notre part un microcrédit en vue de pouvoir reprendre en charge la survie de leur famille.

17) La famille K. :

C’est le directeur d’une école dans le quartier de Kindele qui le premier a repéré cette famille et m’a appelé : une maman seule avec ses 8 enfants. Maman Tantine K. et ses enfants ont été abandonnés par leur papa dans un village à l’intérieur du pays. Un ami a encouragé la maman à venir chercher une vie nouvelle à Kinshasa. Mais la famille vit dans des conditions très difficiles. Le propriétaire du studio où ils habitent veut les chasser car cette famille nombreuse le dérange.

Les enfants non scolarisés et mal-nourris cherchent des petits boulots ; nous en avons rencontré deux en train de ramasser des cailloux pour les revendre. Nous avons essayé de mettre nos outils au service de cette famille. Puis nous lui avons octroyé une garantie locative pour trouver un meilleur logement puis un microcrédit de 50$ pour l’aider à commencer son petit potager. En attendant que ses légumes poussent, elle en achète à d’autres mamans productrices pour les revendre et la situation de la famille commence à s’améliorer. Nous avons déjà pu placer deux enfants dans une école primaire locale.

Pauline Nlandu, éducatrice chargée des microcrédits

18) Maman Monique M. a 36 ans, elle est maman de sept enfants et son mari est décédé il y a quatre ans. La famille est venue de l’intérieur du pays(Kasaï) en espérant pouvoir trouver une meilleure vie à Kinshasa. Mais deux ans plus tard, le papa est tombé malade et est décédé. La famille du papa a rejeté la maman et ses enfants et la maman n’ayant aucune famille à Kinshasa a pu être hébergée provisoirement par une amie.

Entretemps, tous les enfants ont dû abandonner l’école, la maman ne pouvant plus les prendre en charge. Nous avons rencontré sa fille de 14 ans, Felly, en train de vendre de l’eau au marché local et elle nous a conduit jusqu’à sa maman. Nous avons pu remettre Felly à l’école et avons demandé à la maman quelle activité elle était capable de faire. Elle nous a dit qu’elle savait préparer des beignets. Alors nous lui avons donné un premier crédit de 50$, avec lequel elle a commencé à fabriquer et vendre ses beignets et elle nous a remboursé le crédit en deux mois.

Nous avons alors octroyé à la famille une garantie locative afin qu’ils puissent disposer de leur logement et nous avons octroyé un deuxième crédit de 70$ à la maman également rapidement remboursé. Ensuite un crédit de 100$ : maintenant elle dispose de son stock de deux sacs de farine et d’un bidon de 25l d’huile ; en outre, elle a diversifié son commerce et vend aussi des boudins. Elle arrive à prendre en charge son loyer et a pu envoyer trois de ses enfants reprendre leur scolarité.

Gédéon Kimwanga, éducateur, chargé des microcrédits

19) Maman Malu M. est la tante de l’enfant Caleb B. qui est descendu dans la rue à l’âge de douze ans, après la séparation de ses parents. L’enfant a fait une année dans la rue et est arrivé dans notre centre. Nous l’avons écouté et avons recherché sa famille. Mais son papa ne voulait pas le recevoir, nous avons pu trouver une tante maternelle qui a accepté de l’accueillir. Nous avons réunifié l’enfant chez sa tante et l’avons mis à l’école en 6° année primaire. La tante faisait un petit commerce de charbon de bois, mais n’avait qu’un petit capital de 10$ et achetait des demi sacs pour les revendre avec très peu de bénéfice.

Avec notre crédit de 50$, elle a pu acheter deux sacs de charbon et nous a rapidement remboursé ce premier crédit. Nous sommes alors passés à un 2°crédit de 60$, puis à un troisième de de 100$. Maintenant, la maman est à son quatrième crédit d’un montant de 100$ et son capital est passé à six sacs de charbon de bois. Les conditions de vie de la famille se sont améliorées et la maman est fière de son activité commerciale tandis que Caleb poursuit son école.

Elie Mukweti, éducateur chargé des microcrédits

20) Maman L. Sarah : Maman Sarah est une veuve âgée de 58 ans et mère de 5 enfants dont L. Caroline, réunifiée de NYB en 2018 à l’âge de 13 ans.

La situation de la mère et ses enfants s’était compliquée à la mort de son mari. La famille du défunt a menacé la quiétude de maman Sarah, qui a fini par être rappelée (les enfants y compris) par sa mère biologique, dans la parcelle familiale.

La grand-mère déjà affaiblie par le poids d’âge faisait appel à d’autres membres de la famille pour la cause des enfants de sa fille Sarah L.. Mais les besoins prioritaires dont le manger et le vêtir posaient problème. Et la mendicité dans le quartier a poussé la deuxième née de maman Sarah à devenir mère à l’âge de 15 ans.

Les enfants ont pu rencontrer sur le marché local, en 2018, une éducatrice de NYB qui a écouté et compris l’histoire, a vite retrouvé leur mère qui avait l’étalage de sa vieille mère au marché de Selembao, dans la commune de Bumbu pour vendre la friperie.

La réunification faite, la scolarité des enfants a été appuyée par des kits et le payement des frais scolaires. Mais le commerce de maman n’arrivait pas à nourrir sa famille. Elle tombait souvent malade. Pour elle, c’était le mauvais sort jeté par d’autres vendeurs du marché qui cherchent à éliminer les faibles. C’est pourquoi elle s’adonnait à une Eglise de réveil.

L’équipe de microcrédits a été invitée pour accompagner maman L. Sarah, qui a partagé son histoire pendant la prospection. Elle revendait les habits de dernière qualité ce qui ne rapportait pas beaucoup et, au moment des fêtes elle ne pouvait rien faire car ce sont les habits de très bonne qualité qui intéressaient les clients.

Nous lui avons donné un premier crédit de 50$ auquel elle a ajouté à son petit capital pour s’acheter un sac d’habits de bonne qualité qu’elle a terminé de vendre 10 jours après.

Petit à petit, elle pouvait renouveler son stock chaque semaine au moins et assurer la sécurité alimentaire de la maisonnée.

A la fin du remboursement, elle était satisfaite de ne pas sentir le poids. Elle a renouvelé plusieurs fois les MC avec un montant de 100$. Au-delà d’avoir stabilisé ses enfants, elle a pu s’acheter 5 sacs de friperie (habits) par semaine, ouvert  une épargne en vue de préparer la fin avec NYB  et le montant de cette épargne atteint déjà 70$.

Elle continue à habiter la parcelle familiale après le décès de sa mère, il y a 2 ans aujourd’hui et s’est acheté un terrain où elle est en train de se faire construire une maison.

Jean-Pascal Longele