Il ne connaissait pas l’adresse de sa maman, mais s’imaginait la retrouver facilement dans la ville de Kinshasa …
Josué est un garçon de 11 ans. Le compagnon de sa maman a refusé de reconnaitre la grossesse de sa femme. Aussi, pour éviter les problèmes, dès la naissance, sa maman l’a amené chez une grand-mère, à Kisantu, à 120 km de Kinshasa.
Après quelques années passées chez sa grand-mère, Josué a souhaité partir à Kinshasa pour habiter chez sa maman avec ses sœurs. Chaque fois que sa maman venait lui rendre visite, il voulait repartir avec elle.
Un jour, Josué a volé dix mille francs à sa grand-mère et s’est enfui jusqu’à Kinshasa avec des amis. Il ne connaissait pas l’adresse de sa maman mais s’imaginait la retrouver facilement. Cependant, Kinshasa n’est pas Kisantu et il a passé quelques mois dans la rue avant de rejoint un centre d’enfants de la rue de la commune de Selembao. Il y est resté une année et y a été scolarisé. Toutefois, son désir était toujours de retrouver sa maman et il a fui ce centre avec un ami. C’est ainsi qu’ils sont arrivés chez nous au centre Ndako ya Biso.
Pendant ce temps, sa maman de Josué a été informée de sa disparition et est partie à sa recherche à Kisantu, en vain. La famille s’est endettée pour consulter des « prophètes » sensés situer le lieu où se trouve l’enfant. La dernière prophétie a affirmé que l’enfant s’est noyé dans la rivière Ikisi à Kisantu. La maman de Josué est alors rentrée à Kinshasa, mais en tenant des propos très durs à l’égard de la grand-mère qui a élevé l’enfant depuis son enfance, et la famille s’est déchirée.
Le 10 mars, cela faisait un an et six mois que Josué avait disparu, quand nous sommes partis avec lui à Kisantu. Avant d’arriver proches de la maison familiale, on entendait crier de partout et scander le nom de Josué : Josué eeeeh, Josué eeeeh ! Nous avons vu la grand-mère sortir de la maison en larmes et tomber devant l’enfant. Je n’ai jamais connu une réunification avec de tels pleurs !
Dès que j’ai eu les coordonnées de la maman, je lui ai téléphoné pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle a quitté Kinshasa pour Kisantu immédiatement, puis a ramené son fils chez elle après 18 mois de disparition.
Lorsque je lui ai rendu visite à Kinshasa, j’ai vu les pleurs de joie de la famille. Pour eux Josué était semblable à un enfant ressuscité qui revenait alors qu’on le croyait mort, et moi j’étais un héros.
Pour la petite histoire, le pasteur qui avait prophétisé la mort par noyade de Josué a fermé son église et a disparu de Kisantu.
Un témoignage de Jean Didier, éducateur à NYB