Le mois de janvier est celui des souhaits de bonne année, mais c’est aussi celui du bilan de l’année précédente et des projets pour la nouvelle année. C’est ainsi que NYB a profité du mois de janvier pour organiser des rencontres de bonne année avec ses enfants, son personnel et ses partenaires les plus proches. Dix rencontres différentes ont été organisées. 
  1. La bonne année des voisins, le samedi 7 janvier :

Le samedi 7 janvier, nous avons invité les voisins du quartier de NYB afin d’évaluer avec eux comment nous avons vécu nos relations tout au long de l’année 2022. 25 personnes étaient présentes dont le chef de quartier, le responsable de notre rue, deux policiers du poste proche, le responsable de la communauté de base de la paroisse sainte Christine, et plusieurs autres voisins.

Après la prière d’ouverture et le mot d’accueil, le coordonnateur des activités a remercié tous les voisins pour leur collaboration à notre accueil des jeunes de la rue et leur a présenté les résultats de notre travail pour l’année 2022.

Les voisins ont ensuite pris la parole et nous ont encouragés :

«  Au départ, l’image des enfants de la rue était mauvaise et le quartier mal vu ; mais avec le travail de NYB, nous voyons un grand changement. Les enfants qui fréquentent le centre NYB sont devenus plus respectueux et plus obéissants envers les voisins et nous considèrent comme leurs parents ».

« La présence des enfants de la rue ne nous dérange plus, c’est nous qui nous soucions davantage d’eux »

« Les enfants de NYB nous obéissent quand nous leur disons quelque chose et ils nous aident quand nous leur demandons un service, par exemple nous transporter un bidon d’eau. »

D’autres nous ont remerciés pour la possibilité que nous leur offrons de venir puiser de l’eau dans notre centre ou d’autres services rendus.

Le responsable de la police nous a exprimé son souci par rapport à la relation entre les plus petits et les plus grands qui les tabassent et les rançonnent sur le chemin de NYB. Il y a même un enfant qui a eu le courage récemment de venir se plaindre à la police de la violence des plus grands. Il est important que NYB sensibilise davantage les plus grands et s’occupe aussi d’eux.

Au moment du repas, quatre personnes d’une famille qui était venue reprendre un de leurs enfants, depuis longtemps dans la rue, ont été invitées à se joindre à notre repas de fête et tous ont apprécié ce témoignage concret de réunification familiale.

Nancy Nsitu, responsable adjointe du centre des garçons

2. La bonne année des Grands jeunes, le samedi 14 janvier :

La fête de bonne année des grands jeunes de la rue en formation à NYB a été célébrée le 14 janvier avec une centaine de grands jeunes présents. Ne pouvant organiser une fête avec tous les grands jeunes, nous nous sommes limités à ceux qui suivent actuellement une formation en alphabétisation ou une initiation à la couture ou à l’esthétique dans notre centre.

Tout a commencé avec le mot d’ouverture et de bienvenue prononcé par le psy Antoine Kawasa qui a montré l’importance de ladite journée dans les activités qu’organise le Centre et la prière pour remettre la journée entre les mains du Seigneur. C’est ainsi que Jean Pierre Godding a pris la parole pour montrer l’importance de suivre l’alphabétisation avant d’affronter une formation professionnelle. Ensuite, remise des brevets d’alphabétisation à 19 jeunes de 15 à 25 ans (11 garçons et 8 filles) qui viennent de terminer leur formation et qui étaient très fiers de recevoir ce premier brevet dans leur vie.

Puis le mot de remerciement de deux jeunes, une fille et un garçon. La jeune fille a expliqué son histoire personnelle : désespoir, dévalorisation de soi et la prostitution, n’ayant jamais pu aller à l’école. Grâce à l’alphabétisation, elle a maintenant l’espoir d’une réussite dans sa vie. Le garçon a montré le gouffre dans lequel il se trouvait avant de commencer l’alphabétisation, la délinquance dans laquelle il baignait, n’ayant jamais été scolarisé. Il avait même écrit un mot sur une feuille pour montrer à tout le monde de quoi il était capable. Et il a encouragé les autres jeunes qui doutent encore de venir nombreux. C’est dans ce contexte que le Directeur du Centre de Formation Professionnelle Saint Joseph, Monsieur Anicet, a pris la parole, tout ému par le témoignage des jeunes qui n’avaient pas étudié depuis l’enfance. Pour encourager ces jeunes, il a promis à ceux qui auront besoin de faire la formation professionnelle au Centre st Joseph d’être exempté d’examen d’entrée, excellente nouvelle pour les jeunes.

Ensuite, les jeunes d’esthétique et de couture ont défilé avec leurs belles tenues et leurs belles coiffures et ont été très applaudies. 

Une ancienne jeune suivie par le centre a donné son témoignage sur les avantages qu’elle a maintenant suite à sa formation professionnelle.

Ensuite, tous ont pu se souhaiter une très bonne année 2023 avec une bonne formation professionnelle et ont partagé le repas de fête et dansé avec les musiques qu’ils aiment.

3. La bonne année des Familles d’Accueil transitoires (FAT), le 07/01/2023

12 responsables de FAT (sur les 16 existantes) ont participé à la journée de bonne année organisée par le centre Ndako Ya Biso, le samedi 07 janvier 2023, à la salle paroissiale de Sainte Christine, sur l’accompagnement des enfants et adolescents ne pouvant pas être réunifiés dans leurs familles biologiques et placés dans les familles d’accueil. La réflexion a tourné autour de la création d’un environnement attentif et favorable pour mieux  les accompagner.

Après le mot de bienvenue et la présentation des vœux de  NYB pour la nouvelle année à toutes les familles représentées s’en est suivi le tour de table pour donner les  nouvelles des enfants placés :

  1. Elisiana M. F, 8 ans, placée depuis avril 2019, en 2ème Primaire : elle est bien intégrée dans la FAT qu’elle considère comme sa propre famille car sa mère (une fille de la rue placée en 2012 dans cette FAT) l’a abandonnée dans celle-ci après sa naissance. Cette dernière menace parfois de récupérer sa fille pour la ramener dans la rue.
  2. Esther S. F, 10 ans, placée depuis septembre 2020, 3ème Primaire : turbulente mais intelligente. Elle arrive actuellement à faire de bons résultats scolaires après un moment de troubles psychologiques. Comme ses 2 sœurs, (Destinée et Patricia), elle a besoin d’un accompagnement pour la question du pardon car victime du rejet de la part de leur famille biologique jusqu’aujourd’hui.
  3. Christian, M, 10 ans, placé depuis 2015, 4ème Primaire : l’enfant vit à SOS Village d’enfants mais passe ses vacances dans sa FAT.
  4. John K. M, 13 ans, placé depuis juillet 2020, 6ème Primaire : le jeune est bien intégré dans la FAT et est serviable mais seulement il continue de faire pipi au lit. La FAT veille beaucoup à ses fréquentations.
  5. Patricia M. F, 16 ans, placée depuis janvier 2019, 1er C&C : inscrite en Coupe et couture au CFP Saint Joseph, elle évolue bien. Très intéressée à la cuisine, elle aide bien la maman dans les tâches ménagères. Elle visite régulièrement ses jeunes sœurs (Esther et Destinée) placées dans une autre FAT.
  6. Bénédicte M. F, 22 ans avec handicap mental, placée depuis 2013 : elle va bien. La FAT propose de l’initier au petit commerce.
  7. Daniel I. M, 20 ans avec handicap mental, placé depuis 2013 : Après le décès de la maman d’accueil en décembre 2022, le jeune est resté en famille où il est bien intégré.
  8. Gloire K. M, 16 ans, placé depuis avril 2014 : le jeune est muet et n’a pas réussi à s’adapter à l’apprentissage d’un métier. L’urgence actuelle est de lui trouver une occupation et un hébergement car le couple qui l’a accueilli n’a plus de force pour s’occuper de lui au regard de leur âge avancé.
  9. Matondo, F, 15 ans,  placée  depuis 2013, 8ème année : depuis qu’elle a appris l’existence de quelques membres de sa famille élargie, la fille est devenue insupportable et ne respecte plus personne.
  10. Héritier N. M, 14 ans, placé depuis juillet 2020, 5ème Primaire : il est bien intégré et poursuit ses études en attendant son retour à Mbuji Mayi auprès de ses parents.
  11. Destinée S. F, 13 ans, placée depuis janvier 2019, 6ème Primaire : très coquette, elle s’assume comme une adolescente.
  12. Didier A. M, 19 ans, placé depuis mai 2022, apprenti en menuiserie. Il se dit capable de créer son propre atelier de menuiserie et vivre sous propre toit. Il réagit parfois avec violence vis-à-vis de son maître d’atelier.
  13. Beni K. M, 17 ans, placé depuis décembre 2014, 3ème Humanités Pédagogiques. L’adolescent refuse d’aller à l’école pour faire de petits travaux rémunérés dans le quartier. Il vole les biens de la maison pour les vendre auprès des marchands ambulants. Avec l’argent gagné, il collectionne les petites amies qui se battent souvent pour lui créant ainsi du désordre dans le quartier. La FAT propose de l’inscrire dans une école plus proche de la maison pour bien le surveiller. C’est un enfant très intelligent.
  14. Exaucé B. M, 17 ans, placé depuis novembre 2021, 4ème Humanités techniques Electricité : bien intégré dans la famille et prépare son examen d’état (Baccalauréat)
  15. Chris B. : il est retourné dans sa FAT depuis 3 semaines après un moment de turbulence.

La deuxième partie de la rencontre était consacrée à une sensibilisation sur l’accompagnement des enfants et adolescents placés en FAT. Nous sommes partis du constat que la plupart des enfants placés sont devenus actuellement adolescents. Mais comment les accompagner durant cette phase de la vie ?  La facilitatrice de la rencontre a proposé aux FAT de créer un environnement attentif et favorable pour mieux accompagner les adolescents placés en famille d’accueil.

Dans son mot, elle a, de prime à bord, énuméré les carences et symptômes qui caractérisent cette phase de la vie. L’adolescent se croit capable de tout faire de par lui-même.

Ensuite, elle a encouragé les FAT à enseigner et renforcer les comportements qu’elles jugent positifs de la part des adolescents. Les FAT sont donc invitées à confirmer et féliciter les comportements positifs chez les adolescents, de sorte qu’ils les comprennent et désirent les mettre en pratique. Une autre méthode d’enseignement des comportements positifs, c’est l’exemple des adultes. Car, les enfants apprennent à partir des comportements des adultes, ce qui peut renforcer les leçons que nous essayons de leur enseigner verbalement.

Enfin, elle a invité les FAT à créer un environnement attentif et favorable pour l’accompagnement, mieux l’épanouissement de ces adolescents. Cet environnement est caractérisé par des relations positives et harmonieuses entre les adultes et les adolescents  et permet à ces derniers d’apprendre des comportements positifs. Quelques astuces ont été données aux FAT pour ce faire. Notamment :  écouter et dialoguer régulièrement avec l’adolescent (les occasions de communiquer de manière positive sont importantes pour les enfants de tout âge), se faire adopter comme une personne de confiance auprès de l’adolescent, aborder la question de la sexualité en leur apprenant à évaluer les conséquences potentielles de leur choix, veiller à leur entourage pour éviter de la mauvaise compagnie, faire participer l’adolescent à la prise de décision ou résolution de certaines questions familiales.                                          Laetitia Mbuyi, Responsable des FAT et Facilitatrice

4. La bonne Année des directeurs d’écoles, le samedi 14 janvier :

Le samedi 14 janvier 2023, s’est tenu la rencontre trimestrielle des directeurs des écoles où sont placés les enfants réunifiés par NYB. 33 directeurs étaient présents, dont certains reçoivent plusieurs enfants  comme Familia qui compte 16 enfants, Beau Séjour 10, saint Achille 11, Mobembe 11, les Bons Amis 11, Kristo Molobeli 12, les Bâtisseurs 8.

Le responsable de NYB a commencé par remercier les directeurs pour leur importante collaboration : 450 enfants suivis par NYB dans une cinquantaine d‘écoles différentes, avec l’année passée ; 21 jeunes qui ont réussi leur diplôme d‘état. Une de ces diplômées a même pu être engagée comme enseignante par une de nos écoles partenaires. Et dans une autre école, un des jeunes suivis par NYB fait partie du groupe vocationnel de sa paroisse : il voudrait devenir prêtre et être au service des autres comme lui-même a été aidé.

Ensemble, nous avons relu l’année et vu comment les écoles avaient réussi à intégrer les enfants venant de la rue et quels pouvaient être certains points d’attention.

Les directeurs ont souligné la violence de certains enfants qui ont parfois des mots et des gestes inacceptables et sont trop irréguliers à l’école. Mais plusieurs ont souligné qu’avec leur patience, ils ont réussi à discipliner plusieurs de ces jeunes qui sont même devenus des leaders dans leur classe, parce qu’ils s’expriment plus facilement. Le directeur de NYB a expliqué que la violence des enfants était comme un message : toute violence est la mauvaise expression d‘une souffrance, et si nous sommes attentifs à la souffrance de l’enfant, sa violence va diminuer.

Le directeur a aussi insisté sur le lien entre le directeur et l’éducateur référent de l‘enfant, le référent explique au directeur l’histoire de l’enfant pour qu’il puisse mieux le comprendre et le suivre, mais cette histoire doit rester confidentielle, d’autres personnes dans l’école ne peuvent la connaitre, sinon l’enfant ne sera plus respecté. Si un enfant s’absente, on peut appeler les parents, mais il faut surtout appeler l’éducateur qui suit l’enfant et connait sa situation familiale.

Certains enfants suivent mal les cours parce qu’ils n’ont rien à manger à la maison. Le directeur de NYB a expliqué que NYB offre des microcrédits aux mamans responsables des enfants afin de les aider à pouvoir prendre en charge leur famille. Certains enfants n’ont pas une bonne base ce qui les bloque et nous leur avons rappelé la possibilité de proposer à l’éducateur de référence des cours de rattrapage pour certains enfants.

Certaines écoles donnent des points aux enfants parce qu’ils sont contents d’avoir une ONG qui les prend en charge, mais cela est inacceptable, il faut que les enfants aient leurs vrais points, même s’ils ont totalement échoué, ce qui nous permet de mieux les orienter. Nous avons ainsi dû retirer nos enfants de deux écoles l’année passée, parce que l’école leur donnait des bons points alors que leur niveau était très bas.

Les enfants doivent pouvoir suivre une classe en lien avec leur âge, un enfant plus âgé ne s’adapte pas facilement dans une petite classe ; il vaut mieux le réorienter. Quant à l’orientation des enfants après le primaire, NYB préfère, qu’à l’âge de 15 ans les jeunes soient orientés vers une formation professionnelle qui leur permettra plus rapidement de se débrouiller et de participer à la prise en charge de leur famille. La poursuite des études secondaires ne doit être envisagée que pour les meilleurs, mais uniquement dans une section pédagogique ou technique où ils pourront se débrouiller après leurs études.

NYB suit les enfants pendant trois ans après leur réunification familiale mais n’a pas les moyens de les suivre pendant toutes leurs études ; en principe, avec la bonne gestion de leurs microcrédits, les familles peuvent prendre en charge la scolarité de leurs enfants. Il y a toutefois toujours des exceptions de familles en situation particulièrement difficile, et les cas doivent être étudiés avec les directeurs.

Quand un enfant est malade, c’est en principe sa famille qui le prend en charge. NYB n’intervient que dans des situations particulièrement difficiles. Toutefois depuis l’année passée, avec un appui extérieur, 35 familles ont pu recevoir des cartes de mutuelle ce qui permet une prise en charge de la santé de leurs enfants.

Pour tous les enfants pris en charge par NYB, une convention est signée avec chaque école indiquant les frais pris en charge par NYB; en raison de la situation de misère des familles, les écoles s’engagent à ne pas demander d’autres frais aux jeunes ou à leurs familles. Quant aux tenues de gymnastique demandées par les écoles, NYB jusqu’à présent ne les prend pas en charge. C’est une question à étudier. NYB suit des enfants dans une cinquantaine d’écoles, nous ne pouvons pas payer des frais différents dans chaque école et nous devons nous limiter à des frais communs.

Après cet échange, un petit verre de bonne année a été partagé avec tous les directeurs présents qui ont également reçu une petite enveloppe avec leurs frais de transport afin de faciliter leur déplacement.

Pascal Kanyki, éducateur

5. La bonne année des directeurs d’ateliers et de centres de formation professionnelle :

Le 21/3, s’est tenue la rencontre des directeurs d’ateliers et de centres de formation professionnelle. Chacun des 15 responsables d’atelier ou directeur présents a pu prendre la parole :

Les jeunes ont la force et la volonté apprendre. Ils sont aussi intelligents mais la prise de drogue avant la formation empêche certains de bien assimiler la matière.

Les éducateurs passent pour le suivi mais pas assez régulièrement. Les jeunes sont souvent têtus, irréguliers, ils prennent du chanvre, leur niveau d’alphabétisation est souvent trop bas. Parfois ils ont un esprit de vol et on doit faire attention à tout le matériel. Ils abandonnent la formation à cause des difficultés familiales ou de l’absence de repas à la maison. Les jeunes filles deviennent enceintes et abandonnent leur formation.

Les membres de leur famille ne les motivent pas et ne les encouragent pas pour leur formation. Il faudrait les interpeller.

Il y a aussi des jeunes qui viennent malades à la formation, tout en disant n’avoir pas d’argent pour se faire soigner.

Les formateurs suggèrent qu’il y ait un meilleur suivi du matériel acheté pour les jeunes pour leur formation : ce matériel est-il bien conservé, bien entretenu, ne disparait-il pas ? Les visites en formation au niveau des cfp doivent être faites en collaboration avec le responsable du cfp. Il faut organiser trimestriellement des tests de niveau pendant la formation et après la formation pour vérifier l’apprentissage ou établir un calendrier de vérification du niveau des jeunes, organiser des rencontres avec les parents de ces jeunes pour un bon suivi.

NYB va proposer à certains ateliers où des jeunes ont été bien formés, une convention de formation dans la durée qui ne devra pas être reprise pour chaque jeune, en raison de la confiance mutuelle.

Comment les formateurs font-ils pour aider les jeunes à devenir des entrepreneurs eux-mêmes ? L’unique façon d’aimer et d’aider ces jeunes à devenir des entrepreneurs est de leur donner une bonne formation, sans rien leur cacher.

Le responsable du centre Jean Pierre a pris la parole pour expliquer en deux mots l’objectif de notre travail d’aider le jeune à devenir autonome.

Avec les formateurs nous devons travailler en collaboration : Si le jeune ne vient pas à la formation ou est malade, vous devez nous le signaler, parce que ce travail d’accompagnement de jeunes n’est pas facile mais quand on réussit, ça procure de la joie.

Enfin le responsable de formation professionnelle a pris la parole pour expliquer la démarche qui va suivre : Établir un calendrier d’organisation des tests qui sera officiel. Il a demandé aux formateurs d’être vrai dans le sens de dire la vérité sur le jeune lors de nos visites.

                                                                                 Bibiane Kabena, éducatrice

6. La bonne année des sites :

Sur 8 sites différents, dans sept communes de Kinshasa, les éducateurs de NYB animent chaque mois des rencontres de sensibilisation avec les responsables de quartier, les responsables de la police, les mamans commerçantes et les pasteurs en vue d’identifier ensemble les enfants de la rue, les accueillir, les écouter et veiller au respect de leurs droits. Sur chacun des 8 sites, une rencontre de relecture de l’année s’est tenue au mois de janvier :

1/ Kisenso, le 12/1 : 10 personnes étaient présents dans la rencontre : 2 pasteurs, deux chefs de quartier, 2 mamans commerçantes, 2 directeurs d’école, 1 parent et 1grand jeune. Pour les personnes présentes, le travail de NYB avec les enfants est important : « Ils font ce que l’état devrait faire mais ne fait pas ». Les participants ont apprécié tous les appuis à la stabilisation des enfants pour éviter les rechutes. Pour les participants, ils ne voient plus d’enfant sur leur marché et pensent qu’ils sont partis vers le marché de Matete. Plusieurs ont exprimé le souci que les parents dans ce quartier ne font pas assez attention à leurs enfants.

Les participants proposent de faire des sensibilisations par la radio communautaire du marché et de distribuer aux responsables le texte de la loi de protection des enfants et aussi de faire des rencontres avec les pasteurs pour qu’ils n’accusent plus les enfants d’être des sorciers.

2/Matadi-Kibala, le 13/1 :10 personnes étaient présentes : police, chef de quartier, commerçants, pasteurs, directeurs d’école.  Pour les personnes présentes, elles sont satisfaites des sensibilisations des pasteurs qui ne condamnent plus comme avant les enfants de sorcellerie. Elles sont contentes des appuis à l’intégration des enfants dans les familles et des conseils donnés aux familles. Grâce à la collaboration des différents partenaires du site, 5 enfants de la rue ont pu être réunifiés cette année. Masi il y a encore plusieurs rechutes d’enfants.

3/Makala, le 11/1 : 10 personnes étaient présentes. En relisant l’année 2022, les participants ont apprécié les réunifications réalisées à partir du site (4 les trois derniers mois) ainsi que la scolarisation et le suivi des enfants réunifiés pour éviter les rechutes. Peu de rencontres ont été réalisées au cours de l’année et les autorités communales ne sont pas toujours au courant. Malgré le travail de NYB, le nombre d’enfants dans la rue reste important au rond-point Ngaba. Beaucoup de parents ne suivent pas bien leurs enfants et devraient être sensibilisés à leurs responsabilités tout spécialement par rapport à la bonne scolarisation de tous les enfants. Le gros problème aujourd’hui est celui des jeunes violents dans le quartier qui se battent, détruisent et volent.

Les partenaires souhaitent qu’il y ait davantage de sensibilisations surtout par rapport aux familles dont les enfants vont dans la rue. Il serait aussi important que NYB puisse héberger davantage d’enfants au cours de la nuit pour mieux les protéger et bien sensibiliser les enfants dans les centres d’accueil afin qu’ils  ne retournent plus dans la rue.

4/ Intendance : le 13/1. 10 personnes étaient présentes : chef du quartier et son adjoint, un pasteur, un directeur d’école, deux policiers, un parent, un commerçant, un leader jeune et un agent du renseignement. Au cours de l’année 2022, 10 enfants ont pu être réunifiés dans leur famille à partir du site dont quatre nous avaient été confiés par le bureau du quartier. Ils ont apprécié ce travail réalisé et insisté sur la bonne collaboration à maintenir entre notre centre et les agents de l’état et l’information à toujours pouvoir transmettre aux services de l’état. Il a été proposé que le chef du quartier puisse lui également aller visiter les enfants réunifiés dans leurs familles. Il a été souhaité de faire plus de sensibilisations sur le site afin que toute la population du quartier soit bien informée du travail réalisé. Les participants souhaitaient que nous puissions de manière plus large aider les jeunes en difficulté dans le quartier mais nous leur avons bien précisé notre cible des enfants de la rue.

5/ Selembao : le 12/1. 12 personnes étaient présentes. Les partenaires ont apprécié la bonne collaboration avec NYB qui a permis en 2022 de réunifier 13 enfants à partir du site, dont 3 recommandés par le chef du quartier. Les enfants réunifiés ont été bien suivis et scolarisés et sont devenus stables dans leurs familles. Mais le nombre des enfants sur le site reste élevé et beaucoup d’enfants sont là sur le marché et vendent de l’eau mais ne sont pas scolarisés faute de moyens. Il y a également les accusations de sorcellerie. Que faire ? Plusieurs sensibilisations ont été proposées : celle des femmes sur la planification familiale, celle des pasteurs sur les accusations de sorcellerie et leurs conséquences, celle des responsables locaux (chefs de quartier et chefs de rue) sur les droits des enfants en leur donnant le texte de la loi ; utiliser aussi les média, comme les radios locales pour dénoncer les antivaleurs.

6/Limete : le 11/1.14 personnes étaient présentes. Les personnes présentes ont apprécié la collaboration au cours de l’année. Une personne a donné le témoignage d’une fille revenue à la maison et devenue stable grâce au travail réalisé. Ils souhaitent plus de sensibilisations avec les responsables des paroisses et les pasteurs et les chefs de rue sur les antivaleurs, et notamment les violences sexuelles et sur le droit à l’enseignement de tous les enfants ; aussi sur la planification familiale. Plusieurs enfants ont été réunifiés à partir du site (combien ?) mais une fille confiée pour une écoute a disparu après et nous ne l’avons pas retrouvée. Les participants ont aussi proposé de placer des banderoles et des affiches pour mieux sensibiliser la population locale.

7/Super-Lemba :

Il s’est tenu une réunion d’évaluation du site de Super-Lemba avec 12 participants dont, le chef du quartier et son Adjoint, le commandant et un policier, deux mamans commerçantes, le service social de la commune et l’ANR, un leader des jeunes, un Directeur d’école et deux éducateurs de ndako ya Biso. La réunion avait comme thème  l’évaluation des activités réalisées en 2022 et les perspectives pour l’année 2023.

Les participants ont commencé par se réjouir de la bonne collaboration au cours de l’année 2022. Malgré le travail fait, Super-Lemba reste toujours un site de concentration pour un bon nombre des enfants de la rue.  Jean-Didier avait reçu un enfant qui a été confié par le chef du quartier avec une grande plaie à côté de son oreille. L’enfant a été hébergé chez nous au centre, mais une fois soigné il a fui pour retourner dans la rue parce qu’il ne voulait pas rentrer en famille. Prenant la parole à leur tour, l’un après l’autre ont reconnu le travail que ndako ya Biso réalise pour les enfants de la rue, surtout le fait que nous parvenons à scolariser certains enfants et que d’autres font des formations professionnelles puis deviennent autonomes.  Ils ont tous avoué qu’ils sont aussi des portes paroles pour ndako ya Biso car ils constatent qu’il y a beaucoup d’ONG qui ne font pas ce que ndako ya Biso fait.

Quant à la deuxième question des perspectives pour l’année 2023, Ils nous ont recommandé de faire plus des sensibilisations pour qu’un bon nombre des personnes puissent bénéficier des bons sujets que nous partageons souvent avec eux en petits groupes.  Ils ont suggéré de faire les sensibilisations avec les mégaphones comme à Super- Lemba, dans les marchés de la commune de Lemba, à la télévision, organiser les conférences et les débats autour des toutes les questions dont sont victimes les enfants pour que la population puisse abandonner les mauvaises habitudes d’incriminer les enfants en les accusant de sorcellerie et autres.

Si possible faire des conférences avec les pasteurs qui peuvent s’investir dans la même campagne dans leurs églises. Il a été dit aussi que, si nous sommes à Super-Lemba pour le travail, nous pouvons passer saluer le chef du quartier, le commandant de la police et arriver aussi à la commune car à la commune ils ont des cas qu’ils ne savent pas où référer.

Mukweti Elie, éducateur responsable des microcrédits

2°) rencontre d’échange d’expériences des microcrédits à Kingabwa de neuf bénéficiaires autour du thème : « Des pratiques face aux difficultés de mon AGR ».

L’objectif principal était de ressortir des pratiques réelles en lieu et place des idées superflues qui ne répondent pas directement aux difficultés qui déséquilibrent les AGR.

Tour à tour, les mamans de microcrédit ont présenté leurs situations et, à la fin de chaque exposé, un temps d’échange pour voir si d’autres pratiques étaient possibles à ces cas.

  • Maman Godé M. note en particulier le vol de ses chikwangues en son absence de la maison. Sa stratégie est de ne pas se déplacer lorsque son stock est important et son argent toujours dans sa poche. Elle préfère vendre en dehors de la parcelle.
  • Josepha B. (maman maboke) : je sais que mes clients ne préfèrent pas les poissons surgelés et c’est ce qui coûte moins cher. Pour tromper leur vigilance, je mets des épices aromatisants et grille les poissons jusqu’à sécher l’eau du paquet. C’est comme cela que je finis tous les jours la quantité disponible. Contre le vol, j’épargne au port là où je vais vendre.
  • Blandine M. : je fais mon petit restaurant dans la rue. L’encadrement des enfants me complique la vie et surtout au moment où j’accouche, l’activité s’arrête. Et c’est mon mari qui alors intervient, excepté la relève à l’activité.
  • B. Marthe : mon activité aujourd’hui c’est la vente de poissons fumés au port. La difficulté c’est que ma fille aînée a été réunifiée mais le dossier a été clôturé. Elle est en 6ème des humanités et j’ai du mal à payer ses frais. Mon mari n’est que le père de mon dernier né de 2,5 ans sur mes 5. Comme stratégie, je me suis  inscrite dans un groupe de ristourne pour me permettre de payer les frais scolaires de ma fille.
  • Euphrasie M. : je détiens un champ potager. Je m’associe à mon mari pour produire ensemble et nous assister en cas de maladie ou d’insécurité. Car, il y a des voleurs des fois armés (armes blanches) qui visitent le champ et sans la présence d’un homme, la femme ne peut pas faire face. En outre, au moment des inondations, nous perdons nos champs ou les abandonnons. A ce moment, je commence à vendre le charbon de bois.

Les AGR exposées ce jour étaient : la fabrication et vente de chikwangues, poissons grillés en paquets (Maboke), poissons fumés, poissons salés, malewa, légumes, planches/meubles.

La principale difficulté évoquée était la hausse de prix d’achat sur le marché. Il y a eu élévation du coût d’achat (prix d’achat et transport). La pratique faisant face était aussi la hausse du prix de vente. Une adéquation a été ressortie lors des échanges : c’est celle de différence des vitesses. La vitesse de hausse de coût de prix d’achat est beaucoup plus rapide que celle du prix de vente. Cela ne manque pas diminuer la quantité de la marchandise et la nourriture à la maison.

D’autres difficultés telles la maladie, les cas de deuil, les voyages, la maternité, etc. ont été citées. C’est la technique de l’épargne qui a été considérée inévitable pour sauver l’AGR à certains moments.

A la fin, l’appel à la conscience responsable a été lancé par les éducateurs, notamment en ce qui concerne le remboursement des crédits.

8. La bonne année des Bénévoles :

Le 20 janvier 2023, a été organisée la bonne année des jeunes bénévoles qui soutiennent notre action en gardant les enfants du centre, tant garçons que filles, soit pendant la nuit soit pendant les week-ends. Les 17 jeunes étaient présents.

Après la prière et le mot de bienvenue, le directeur de NYB a souligné l’importance du travail des Bénévoles qui, tout  en n’étant pas engagés par NYB, sont pris en charge ponctuellement pour les services qu’ils nous rendent. Chaque bénévole, avec son talent, nous a aidé à bien accueillir et encourager les jeunes de notre centre.

Ce sont les bénévoles qui ont pu relire leur année :

« L’affection et la confiance des enfants m’ont beaucoup marqué »

« Je suis content d’avoir participé d’une manière ou d’une autre à la reconstruction de quelques enfants »

« C’est une joie de voir comment certains enfants évoluent et laissent leur violence, reconnaissent leurs erreurs et sont prêts à reprendre une vie nouvelle »

« Chaque réunification d’un enfant est un moment de joie, mais chaque rechute est un moment de tristesse»

« Dans les jeux, le sport et la danse, nous avons pu découvrir beaucoup de talents chez ces enfants rejetés »

« Quand nous rencontrons un de ces enfants dans la rue, il est content de venir nous saluer »

Mais il y a aussi des difficultés :

« La mauvaise influence de certains enfants sur les autres (plusieurs bénévoles ont souligné les difficultés vécues avec une fille plus âgée qui cherchait à mal influencer les plus jeunes) »

« L’absence totale de respect de certains enfants difficiles à maitriser, surtout quand on ne sait pas encore comment s’y prendre »

« Quand tu commences le travail, tu as peur de passer la nuit avec des enfants accusés d’être des sorciers et tu ne sais pas quoi faire »

Les bénévoles ont aussi souligné les menaces des jeunes qui pour une raison ou l’autre n’ont plus accès au centre et veulent se venger sur les autres. Ils ont aussi demandé de pouvoir disposer d’unités téléphoniques pour pouvoir appeler en cas de situation difficile et ont demandé de pouvoir recevoir certaines formations leur permettant de mieux maitriser leur service.

Après cet échange, et les souhaits de bonne année, un repas de fête a été partagé et une bonne musique a permis à tous les participants de prendre ensemble un petit temps de danse.

9. La bonne Année des mamans de la cuisine

Le vendredi 27 janvier a été célébrée la bonne année des mamans bénévoles de la cuisine : 14 mamans se sont retrouvées le 27 janvier à 16h pour célébrer leur bonne année. Après la prière et le mot d’accueil, le directeur du centre a remercié les mamans pour leur travail fidèle et régulier : chacune des mamans a en effet son jour de la semaine où elle vient avec une ou deux autres préparer bénévolement le repas des enfants dans le centre des garçons.

Tout aussi important que la qualité du repas est celle de la relation des mamans avec les enfants. Ces enfants privés de l’affection familiale ont besoin de la reconnaissance d’une maman et l’accueil des mamans à la cuisine fait du bien aux enfants et les encourage. Certaines mamans invitent même des enfants du centre chez elles et elles sont toujours très heureuses quand un enfant les reconnait et les salue dans la rue. Plusieurs mamans nous ont souligné combien elles avaient été touchées par l’histoire de tel ou tel enfant.

Après cet échange, un bon repas et une bonne bière ont été partagés avec les mamans présentes ; malheureusement, il n’y avait pas de courant et le groupe du centre étant en panne, il n’y a pas eu le moyen d’avoir de la musique, or une fête sans musique n’est pas vraiment une fête…, car il n’y a pas moyen de danser. Il faudra alors trouver une autre occasion et les mamans ont demandé qu’il puisse y avoir une sortie avec elles à l’occasion de la journée de la femme au mois de mars.

Jean-Pierre Godding

10. La bonne année des éducateurs

Le jeudi 26 janvier a été célébrée la  journée de bonne année de l’ensemble du personnel de LBM, c’est à dire non seulement le personnel de NYB mais aussi celui du centre de formation professionnelle saint Joseph.

C’est avec 65 personnes et deux bus que nous sommes partis ensemble au site d’Amour et Liberté. Pendant qu’un groupe se mettait à la cuisine pour préparer le repas de fête, tous les autres ont plongé dans la détente : plongée dans l’eau de la rivière, jeu de football, danses avec une bonne musique locale, jeux de cartes, de dames ou de halma, ou encore de mikado… il y en avait pour chacun, et tous, pour une journée sont redevenus de vrais enfants s’éclatant ensemble dans ces jeux de détente renforçant notre fraternité.

Ensuite, nous avons partagé tous ensemble un bon repas et une bonne bière en nous souhaitant à chacun une très bonne année.

Jean-Pierre Godding