Un enfant de la rue ne rejoindra pas nos centres d’accueil pour manger à sa faim ou pour se procurer de nouveaux vêtements

S’il vient dans nos centres, c’est parce qu’il y ressent avec force une atmosphère aimante. Il n’attend pas de nous que nous soyons parfaits. Son cœur exige le seul remède nécessaire : l’amour, rempart absolu contre le mal qu’il a subi, baume délicat sur les plaies de son cœur. Nous devons multiplier pour eux les petits gestes ordinaires, en y instillant l’amour qui va les rendre extraordinaires.

M. Dauchez

La souffrance la plus terrible pour un enfant de la rue n’est pas la détresse matérielle.

En effet, ne pas manger à sa faim ou traîner les pieds nus dans les rues de la ville est une indigence à laquelle ils s’habituent rapidement. La survie est un art qu’ils maîtrisent sans tarder. Mais leurs cœurs ne s’apaisent pas pour autant, car s’ils ont trouvé refuge sur les trottoirs, c’est parce qu’il leur a été refusé ce droit fondamental, sève de l’âme : aimer et être aimé. Quel que soit le motif pour lequel ils ont dû fuir le foyer familial, c’est toujours une situation dramatique qui crée fatalement dans les âmes une blessure profonde.

Le mal auquel ils sont confrontés semble être le plus terrible empêchement au bonheur.

Le mal est l’énigme absolue, l’impasse intellectuelle devant laquelle tout le monde abdique. Des plus grands philosophes aux plus brillants théologiens, les explications restent stériles devant un mystère qui nous ébranle. La multiplication de nos mots n’est que l’aveu de notre impuissance devant le plus grand scandale de l’histoire humaine.

Si nous ne luttons pas contre le mal, nous le cautionnons et nous lui donnons la possibilité de s’étendre, de se développer. Il nous faut choisir, on ne peut pas rester indifférents. On ne peut pas combattre ce mal en ne faisant rien, il n’y a pas de neutralité dans ce combat,

Nous nous réjouissons des résultats que nous obtenons.

Nous nous réjouissons des résultats que nous obtenons et nous continuons à travailler jour après jour pour que chaque enfant de la rue connaisse le même genre de dénouement heureux. Mais il ne faut pas confondre fruits et résultats.
Les plus belles consolations que nous avons sont indiscutablement les fruits dont nous sommes les témoins privilégiés au fond des cœurs de ces enfants. Résurrection d’âmes blessées : les pardons donnés, l’espérance qui renaît, mais aussi tout simplement l’attention à l’autre, le désir d’aimer et de répandre largement cet amour autour de soi.